Beaucoup de Français pensent encore que la France est une grande puissance. Pourtant, son chef d’état-major vient d’affirmer que son armée était sous-équipée et en sous-effectif, et qu’il convenait d’en réduire les engagements. Du côté de la croissance économique, l’Hexagone affichait un taux de 0,2 % au deuxième trimestre de 2018 (derniers chiffres disponibles), alors que l’INSEE tablait sur un pronostic déjà assez bas de 0,3 %. La moyenne de la zone euro est quant à elle de 0,4 %. En fait, seule l’Italie a fait aussi peu. L’Allemagne affichait 0,5 %, le Royaume-Uni 0,4, la Finlande 0,5, l’Espagne 0,6… On atteignait des 0,9 en Hongrie et en Pologne, voire du 1 % en Tchéquie (et aux États-Unis). Le climat politico-social, ou encore sécuritaire, n’est guère plus gai. Cerise sur le gâteau, on nous annonce pour 2019 un déficit budgétaire plus gros que prévu.
Croissance qui se tasse, déficit qui augmente
Les Français ont subi ces dernières années des hausses d’impôts, de taxes, de contributions et de prélèvements divers et variés. Sans oublier des mesures impopulaires, comme les 80 km/h devant multiplier les flashes des radars automatiques, en attendant la banalisation des contrôles de vitesse privatisés. Ces mesures ont eu pour but de réduire le déficit budgétaire et la dette publique par un apport de ressources fiscales. Mais cela fonctionne assez mal sur le court terme, et a des répercussions néfastes sur les long et moyen termes. La croissance économique en paie déjà les frais : elle se tasse. La France est bonne dernière de l’Union européenne en la matière (parmi les pays pour lesquels des données aussi récentes sont disponibles).
En 2018, on se félicitait d’un déficit budgétaire légèrement inférieur à 3 % pour 2017 :
Après l’affaire Benalla, la démission de Nicolas Hulot, la sortie de Stéphane Bern et différents désagréments au sommet de l’État, c’est un nouveau coup dur pour l’exécutif. Alors qu’il reste encore près de quatre années avant les prochaines élections présidentielles, les temps sont déjà difficiles pour Emmanuel Macron dans les sondages comme sur le terrain. En avril 2018, le gouvernement français avait officiellement fait part à la Commission européenne d’un déficit budgétaire estimé à 2,4 % du PIB pour 2018. Bercy tablait même sur un déficit contenu à 2,3 %, ce qui est déjà énorme, en juillet dernier. Finalement, Bruno Le Maire vient de prendre la parole pour parler d’une estimation actualisée à… 2,6 % du produit intérieur brut. Et 2,8 % pour 2019.
Vers des lendemains difficiles ?
Il y a dix ans, le monde était secoué par une crise économique d’ampleur. Si certains pays en sont sortis la tête haute, avec des croissances formidables y compris en Occident, comme pour les États-Unis ou la Pologne, d’autres peinent à redémarrer. Malheureusement, c’est le sentiment que l’on a en étudiant la situation française. Plus de récession, certes, mais une croissance extrêmement faible par rapport à celle qu’enregistrent les autres économies comparables. Par exemple, le chômage français officiel était encore à 9,1 % de la population active au deuxième trimestre de cette année. La moyenne européenne est pourtant descendue en deçà des 7 %. Les créations d’emplois du secteur privé, nombreuses en 2017, ne cessent désormais de ralentir.
Une vidéo revient sur cette actualité économique difficile pour la France :
Cette conjoncture risque d’obscurcir les plans du gouvernement. Cela laisse une moindre marge de manœuvre, les dépenses devant nécessairement être limitées. Le contexte est d’autant plus difficile que les voisins de la France s’en sortent généralement mieux.